[Terminé] Les fleurs de la loyauté

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Année : 4 AP.TC quelques jours après la venue de Vyrul

Lieu de la scène : Jardins Ballantine

Nombre de joueurs : 2 plus un de passage ou deux.

But d'arrivée de la scène (en 3-4 pages forum maximum): Intégration de Vyrul Krux



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C'était l'une de ces rares journées où aucune pluie diluvienne ne s'abattait sur la demeure Ballantine. Les cieux semblaient plus ternes sans éclairs et sans grondements mais leur clémence laissait flâner le Patriarche dans les jardins, seule une brise légère dansait dans les airs. Observer cet endroit apaisait la Patriarche, non pas pour diminuer la colère venant d'un regrettable contre temps mais pour la canaliser au mieux.

Il s'éloigna vers une partie plus sauvage où l'herbe et les fleurs arrivaient à la taille, frémissant au gré du vent tout comme ses propres cheveux ondulaient doucement. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il avait déjà atteint les limites de la propriété, près de l'un de ses grandes arbres provoquant une ombre peu commune. Déjà l'odeur de la pluie était perceptible, la Patriarche se concentra et leva sa main doucement puis l'abaissa. Ouverture du Requiem... Ce fut un petit bruit mélodieux puis un chœur, la pluie commença à tomber.

La pluie lubrifiait chaque élément du paysage, miroitant désormais le frêle reflet d'un astre voisin sur la Lune de Dromund Fels. Vyrul, à travers la Force, sondait les lieux pour y déceler une quelconque forme de vie, ce dernier ayant été instinctivement guidé vers les Jardins. Seul le bourdonnement régulier et tendu du Côté Obscur assourdissait le Sith. Déceler la présence du Patriarche ne se ferait qu'avec l'utilisation de la vue, quelle qu'en soit la difficulté.

Une silhouette immobile d'allure mince tournait le dos à Vyrul, comme s'il n'était pas encore conscient de sa présence, ou ne daignait pas se retourner pour entretenir un mystère certain. L'individu ne présentait étonnamment aucune affinité avec la Force, fait troublant pour Vyrul qui fendait les hautes herbes de ses bras musclés pour s'approcher. Deux mètres séparaient désormais les deux hommes, et cette silhouette restait impassiblement inanimée. Puisque la présence de Vyrul ne semblait pas être détectée, il s'agenouilla humblement afin de prononcer quelques mots afin de souligner sa présence.

"Mon Seigneur .." il marqua une pause, sans doute pour essayer d'observer une réaction quelconque de son hôte. "Je suis Vyrul Krux, fils de Vehem Krux le Garde Amarante. Je suis ici pour rejoindre la Garde Amarante à mon tour." Quelques frissons se manifestèrent après cette déclaration, comme s'il redoutait le Patriarche.

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"Mon Seigneur .." Le Patriarche ne se retourna pas ni même après la présentation laissant patienter son invité quelques minutes, bougeant doucement la main comme s'il battait la mesure de l'averse. L'eau ruisselait sur les feuilles y glissant doucement pour former cette bruine particulière nommée seconde pluie. Bien plus agréable que l'une des ondées de Dromund Kaas. Darius s'interrompit, levant tête avant vers la lisère des autres arbres.

- Les oiseaux ne chantent plus...

Il se retourna vers le Sang Pur avec un sourire triste sur les lèvres, penchant la tête sur le côté comme pour mieux l'étudier.

- Je sais qui vous êtes, dit-il en esquissant un sourire plus enjouée. Il ajouta : Comptez-vous saccager encore un peu plus longtemps mes hautes herbes en y restant à genoux ?

La technique était éprouvée, mettre une telle bête de guerre quelque peu mal à l'aise amusait le vieil homme. Ses iris d'ambre croisèrent les yeux orangés du colosse.

"Les oiseaux ne chantent plus..." Ces quelques mots, prononcés après ce qui sembla une éternité des plus pénibles, catalysaient le malaise de Vyrul: le Patriarche ne semblait se délecter que du spectacle nébuleux de la faune et de la flore sous la transpiration des sombres nuages. Pourtant, ces mêmes mots marquèrent la fin de cette ignorance presque délibérée, si ce n'est déjà le cas, du Sith agenouillé.

"Comptez-vous saccager encore un peu plus longtemps mes hautes herbes en y restant à genoux ?" Après un court instant, Vyrul se releva péniblement puis contempla les Jardins à l'instar du Patriarche quelques instants auparavant; la beauté des lieux n'en était pas compromise malgré la pluie. Vyrul était de nature introvertie mais il ne daigna pas engager une conversation comme s'il était l'égal de son interlocuteur: il semblait attendre l'hypothétique signal du Patriarche pour s'exprimer davantage.

Le temps qui semblait s'être arrêté retrouvait son cours, et Vyrul pouvait désormais sentir la pluie s'écraser sur son corps humide et humer le parfum âpre des hautes herbes dans lesquelles il se tenait.

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Les lèvres dessinèrent une légère clémence amusée alors que les yeux suivait le redressement du Sang Pur. Le Patriarche embrassa le reste du paysage du regard se tournant de trois quart avant que du coin le l’œil, il ne se remette à observer Vyrul.

- Ceci est notre Maison... mais quelque part c'est aussi la vôtre. Je regrette de ne pas avoir eu le loisir de parler avec vous durant votre enfance ici, votre père était... un atout certain pour notre Famille. Son intérêt pour la nature du côté Obscur était... insatiable, il consultait régulièrement notre bibliothèque. Un Amarante cultivé et redoutable dont la mort a été une perte regrettable sans nul doute...

Évoquer une tierce personne, qui plus est un défunt, titillait naturellement les gens qui avaient un besoin pressant et personnel à satisfaire. Il ne suffisait généralement pas de grand chose, la faim faisait sortir le loup du bois.

Le discours du Patriarche -aussi succinct soit-il- agaçait Vyrul cependant il n'était pas apte à orienter la discussion aisément. Laisser transparaître l'incompréhension, voire la frustration sur son visage pouvait être interprété comme une faiblesse trop exploitable: Vyrul était certes un être peu crédule, mais manipulable grâce à la réthorique et la loyauté. S'il n'était pas enclin à tergiverser sur son père, il se devait d'utiliser cet individu pour introduire une éloge de sa propre personne. Il fallait désormais exposer sa sinistre verve, l'enjeu étant l'évolution de la conversation en sa faveur, si le Patriarche le lui concédait tacitement.

"Je sais qui était mon père, il était un modèle pour moi jusque là. Mais inexistante serait la fierté que j'en tirerais si je n'étais que l'ombre de Vehem: la rivalité transcende la mort, elle dynamise le processus de progression de ma maîtrise du Côté Obscur et des arts ésotériques Sith. Seul l’allégeance à la Maison Ballantine liera nos deux personnalité en une entité fière de servir les vôtres."

Vyrul marqua un temps de pause, haletant discrètement comme s'il avait fourni un effort considérable. Mais il n'était épuisé, il s'agissait d'un agrégat désagréable d'émotions qui accéléraient le rythme tant cardiaque que respiratoire. L'immuabilité imposée par le guerrier lui-même impliquait un effort certain et pénible.

"Je suis prêt à passer les épreuves, s'il y en a, afin de rejoindre la Garde Amarante." Ces paroles prononcées avec un dynamisme certain se mêlait aux gestes presque exagérés pour appuyer son discours qu'il s'imaginait épique. Vyrul ne prit pas le risque de s'agenouiller à nouveau cependant il abaissa la tête pour souligner l'humilité du Sang Pur, quoique cela lui paraissait être d'une dérision effrontée.

Le Patriarche observa l'une des feuilles tomber doucement entre lui et Vyrul avant qu'elle ne soit emportée par le vent dans une bourrasque. Il sembla réfléchir un instant qui dura une éternité, ses longs doigts caressant sa barbe nacrée comme pour l'aider à la réflexion. Il afficha un léger sourire avant d'opiner du chef en guise d'acceptation.

- Cet entrainement risque de prendre quelques années, bien entendu. Vous serez amené à maitriser la langue cachée que je vais devoir vous enseigner. Comme les autres gardes Amarante le Sith Ancien ne devrait pas vous posez problème car cela sera désormais la principale utilisée. Quant à votre tenue, nous vous en fournirons des plus... élégantes.

Un masque d'une infinie tristesse se posa sur le visage de Darius, comme si ce dernier venait d'apprendre soudainement une nouvelle funeste alors qu'il poursuivit sur un ton affectant d'être réellement navré.

- Bien entendu si cette Maison sera pour vous un havre et un refuge soyez conscient qu'une faute comme sur Serenno entrainerait avec nous des contrariétés bien plus importantes, énonça le Patriarche. Un sourire amusé s'étira avant même qu'il ne prononce ce qu'il considérait déjà comme une farce savoureuse. J'ai bien peur de ne pas apprécier le Parricide.

Les yeux du vieil homme se posèrent sur le colosse pourpre en attente d'une réponse et n'espérait qu'en rire.

Vyrul releva la tête et esquissa un léger sourire pour marquer la satisfaction et le soulagement, ses muscles se décrispèrent et son pouls s'atténuait progressivement. Son attention ne fut pas affectée cependant, et il fut aisé de savourer chaque parole prononcée par le Patriarche.
D'une, la culture Sith était mise en avant grâce à l'emploi de la langue Sith et les uniformes tribaux et anciens, réminiscences des Tribues Anciennes, replaceraient le ridicule bout de tissu noir qui enveloppait partiellement le corps vermillon de Vyrul.

En revanche, Vyrul n'avait jamais mentionné l'homicide du comte Trawl aux Ballantine. Ces petites péripéties étaient pourtant secrètes: cela témoignait de la nature omnisciente du Patriarche. "Si son affinité avec la Force n'est pas évidente, sa sagesse certaine et son rang la compensait." pensa Vyrul, étonné par les faits conférés.

"Vous êtes donc au courant de cet .. incident. Soyez assuré que cela ne se reproduira pas, mais je doute réellement que l'on puisse se débarrasser de vous comme j'ai pu me défaire de la tutelle du comte Trawl sur Serenno, quelque soit le dénouement de cette séparation et ses conséquences sur la vie des deux négociants."

Vyrul prit un air faussement amusé afin de nuancer discrètement ses propos. Ce n'était ni le moment, ni le lieu pour entamer une confrontation, qu'elle soit verbale ou ... plus physique.

- Cet... incident, Darius leva l'index comme pour marquer une note importante de la phrase, a eu pour effet de vous jeter entre nos bras et je ne me vois pas vous refuser cette valse.

Le vieil homme ponctua sa phrase d'un sourire et d'un point. Il pencha légèrement le menton vers le bas comme pour observer Vyrul par dessus des lunettes qu'il n'avait pas, laissant percevoir une légère complicité. La rencontre avait été moins électrique qu'elle n'aurait pu l'être à l'ombre de cette arbre et l'issue s'était révélée satisfaisante pour les deux parties. La pluie semblait avoir cessé de battre les environs de sa cadence monocorde lorsque le Patriarche poursuivit.

- Oh... Nous avons fait préparer ton ancienne chambre... avec un lit plus grand naturellement.

Darius affectionna Vyrul de deux petites tapes sur l'épaule comme l'on flatte l’encolure d'un cheval avec un sourire presque paternel avant de le dépasser.

- Hélios... nous y allons !

Un adolescent tomba alors de l'arbre le poing sur le sol et les genoux fléchis, au milieu d'un ensemble de feuilles volantes. Il se redressa tout comme son menton, comme pour toiser le futur Amarante alors que ses cheveux blonds dansaient avec le vent comme ceux de son oncle. Il dépassa le Sang pur après une légère courbette et alla rejoindre son parrain. Ce dernier lui posa la main sur l'épaule et ils avancèrent ensemble dans les hautes herbes. Ne pas avoir senti le patriarche était une chose, ne pas avoir senti son apprenti en était une autre. On ne pouvait déduire qu'une chose évidente de ce talent à cacher sa présence... que la Maison était entre de bonnes mains.